- InvitéInvité
C'est une belle journée à Kiri. Je me lève et comme à mon habitude, je me rends au palais du Kage afin de savoir ce que j'ai à faire aujourd'hui. Je n'ai reçu aucune lettre, je suis donc affecté à aucune mission. Ces derniers temps mes collègues et mon sensei sont un peu absents, c'est pourquoi je pars me renseigner auprès des autorités compétentes du village. Après un bon quart d'heure de marche, je discute avec un gradé. Il m'explique la situation et je l'écoute avec attention puis demande :
▬ Yue-sensei est partie en mission et n'est plus à Kiri ? C'est vrai ? Riku aussi ? Sora est occupé ?
Je fais mine d'être déçu devant le chûnin de l'accueil et quitte le palais du Kage tout sourire. Pas de Yue-sensei ni de Riku ? Cela veut dire que je suis libre aujourd'hui. Le Mizukage ne m'a pas envoyé ramasser les crottes de je ne sais trop quel animal, je peux donc tranquillement retourner chez moi, m’empiffrer de bananes et dormir. Si j'ai le temps, j'irai même voir le voisin afin de jouer aux cartes !
Une belle journée en perspective.
Une fois arrivé à mon domicile, j'ouvre la porte, laisse exploser ma joie et lâche un :
▬ Libéré, délivré ! Je ne travaillerai plus ja … !
Mince. Il y a mon vieux chez moi. Je ne sais pas quand il est revenu de mission mais une chose est certaine : il est là, devant moi et il semble m'attendre. Ça sent pas bon. Il m'observe avec insistance et son regard me fait tressaillir. Je me racle la gorge et demande sobrement :
▬ Bonjour père. Vous allez bien ?
Il répond positivement à ma question et – après dix à quinze bonnes secondes d'un blanc plus que gênant – me somme d'aller m'entraîner. C'était prévisible. Mon plan génial tombe à l'eau, je ne vais pas pouvoir dormir et manger à volonté. Cependant cela pourrait être pire. Sachant que personne n'est là pour me pousser dans mes retranchements, je ne suis pas obligé de m'entraîner très sérieusement. Pour ceux qui ne sont pas au courant, j'ai pour habitude d'avoir des séances plus que « softs » lorsque je ne suis pas accompagné de Riku, Sora ou Yue.
▬ Oui évidemment, je comptais y aller.
Mon géniteur m'arrête. Aujourd'hui je ne vais pas aller au terrain du tilleul ancestral m'entraîner – ou du moins faire semblant. J'ai rendez-vous avec une jeune femme appelée Kitagawa Aoi, une connaissance de mon père et épéiste de surcroît. En l'absence de la Matsui, c'est elle qui s'occupera de ma formation en me donnant, je cite, « des cours particuliers » … Misère. Je ne sais pas comment il fait mais mon père est au courant de tout ; le départ de Yue, le fait que je ne travaille pas aujourd'hui. Et dire qu'il est censé être rentré de mission il y a à peine une heure.
Au final si j'en crois les dires de mon paternel, je dois me rendre à la sylve des érables rouges. Là-bas je vais rencontrer la fameuse Aoï. Contrains par l'autorité paternelle, je quitte à nouveau ma maison. La motivation est au plus bas et ça se sent à ma démarche. Les bras ballants, je me dirige vers le lieu de rendez-vous. J'étais censé ne rien faire de cette journée et me voici maintenant dans un bois étrange à attendre un prof de substitution. Comme si je ne travaillais pas assez avec une épéiste en guise d'instructrice, mon père m'en a trouvé une seconde. Merci papa.
Aoi arrive sept à huit minutes après moi. Je salue la demoiselle et lâche les banalités usuelles dont elle n'a que faire, à savoir mon nom, mon âge et mon grade. Jusque là, je ne pense pas avoir été trop ridicule. Qu'Aoi ne se méprenne pas, cela ne saurait tarder
▬ Et vous, vous êtes Kitagawa Aoï c'est ça ? Épéiste ? Ça vous ennui pas un peu d'être là lors d'un de vos jours de repos à vous occuper de moi alors que vous pourriez faire autre chose ? Enfin … Je sais pas.
C'est noble de sa part d'avoir accepté. Essayons dans la mesure du possible de ne pas lui faire regretter son acte de sympathie.
▬ Yue-sensei est partie en mission et n'est plus à Kiri ? C'est vrai ? Riku aussi ? Sora est occupé ?
Je fais mine d'être déçu devant le chûnin de l'accueil et quitte le palais du Kage tout sourire. Pas de Yue-sensei ni de Riku ? Cela veut dire que je suis libre aujourd'hui. Le Mizukage ne m'a pas envoyé ramasser les crottes de je ne sais trop quel animal, je peux donc tranquillement retourner chez moi, m’empiffrer de bananes et dormir. Si j'ai le temps, j'irai même voir le voisin afin de jouer aux cartes !
Une belle journée en perspective.
Une fois arrivé à mon domicile, j'ouvre la porte, laisse exploser ma joie et lâche un :
▬ Libéré, délivré ! Je ne travaillerai plus ja … !
Mince. Il y a mon vieux chez moi. Je ne sais pas quand il est revenu de mission mais une chose est certaine : il est là, devant moi et il semble m'attendre. Ça sent pas bon. Il m'observe avec insistance et son regard me fait tressaillir. Je me racle la gorge et demande sobrement :
▬ Bonjour père. Vous allez bien ?
Il répond positivement à ma question et – après dix à quinze bonnes secondes d'un blanc plus que gênant – me somme d'aller m'entraîner. C'était prévisible. Mon plan génial tombe à l'eau, je ne vais pas pouvoir dormir et manger à volonté. Cependant cela pourrait être pire. Sachant que personne n'est là pour me pousser dans mes retranchements, je ne suis pas obligé de m'entraîner très sérieusement. Pour ceux qui ne sont pas au courant, j'ai pour habitude d'avoir des séances plus que « softs » lorsque je ne suis pas accompagné de Riku, Sora ou Yue.
▬ Oui évidemment, je comptais y aller.
Mon géniteur m'arrête. Aujourd'hui je ne vais pas aller au terrain du tilleul ancestral m'entraîner – ou du moins faire semblant. J'ai rendez-vous avec une jeune femme appelée Kitagawa Aoi, une connaissance de mon père et épéiste de surcroît. En l'absence de la Matsui, c'est elle qui s'occupera de ma formation en me donnant, je cite, « des cours particuliers » … Misère. Je ne sais pas comment il fait mais mon père est au courant de tout ; le départ de Yue, le fait que je ne travaille pas aujourd'hui. Et dire qu'il est censé être rentré de mission il y a à peine une heure.
Au final si j'en crois les dires de mon paternel, je dois me rendre à la sylve des érables rouges. Là-bas je vais rencontrer la fameuse Aoï. Contrains par l'autorité paternelle, je quitte à nouveau ma maison. La motivation est au plus bas et ça se sent à ma démarche. Les bras ballants, je me dirige vers le lieu de rendez-vous. J'étais censé ne rien faire de cette journée et me voici maintenant dans un bois étrange à attendre un prof de substitution. Comme si je ne travaillais pas assez avec une épéiste en guise d'instructrice, mon père m'en a trouvé une seconde. Merci papa.
Aoi arrive sept à huit minutes après moi. Je salue la demoiselle et lâche les banalités usuelles dont elle n'a que faire, à savoir mon nom, mon âge et mon grade. Jusque là, je ne pense pas avoir été trop ridicule. Qu'Aoi ne se méprenne pas, cela ne saurait tarder
▬ Et vous, vous êtes Kitagawa Aoï c'est ça ? Épéiste ? Ça vous ennui pas un peu d'être là lors d'un de vos jours de repos à vous occuper de moi alors que vous pourriez faire autre chose ? Enfin … Je sais pas.
C'est noble de sa part d'avoir accepté. Essayons dans la mesure du possible de ne pas lui faire regretter son acte de sympathie.
- InvitéInvité
Aujourd'hui est une belle journée.
Vous savez, à Kiri, on a trois types de temps. De la bruine, et c'est pas la joie. Des averses, et c'est terrible. Et quand y'a la brume, qui t'imprègne, s'insinue partout en toi, c'est encore pire. Mais parfois. Parfois. Y'a des journées comme ça. Avec un ciel clair et limpide, un soleil resplendissant.
Le genre de journée qui vaut la peine d'être vécue. Une journée à être dehors, à faire des balades, à profiter d'une terrasse avec une boisson et une glace.
Je sais ce que vous vous dites, là tout de suite. Que je suis très crédible. Là. Sous ma couette. Avec mon paquet de cookies et un bouquin dont le coin de la page est tâché de chocolat. Je regarde autour de moi, vois un champ de bataille. Ma chambre. Toutes mes fringues sont éparpillées, certaines à des endroits plutôt improbables. Y'a des cadavres de yaourts et de pots de glace, aussi. Et d'autres trucs plus ... méconnaissables.
Là, je dois avouer, j'ai une drôle de sensation. Assez familière, oui, même si j'arrive pas à m'y habituer. Cette impression d'être une épave. Un déchet. Comment j'en suis arrivée là ? Je sais pas. Je sais plus. Je suppose que ça s'est fait ... sur la durée. Petit à petit. Insidieusement. Des actes, ou plutôt l'absence d'actes, en entraînant d'autres. Voilà où j'en suis.
Dans un endroit qui respire la déchéance et l'abandon de soi. Le seul truc qui reste à peu près digne, ici, c'est le sabre de Kiri, reposant droit contre un mur, me jugeant, me regardant avec désapprobation, comme si il me disait "qu'est-ce que j'ai fait pour mériter d'être avec une loque comme toi ?".
Dommage que l'effet soit terni par une veste le recouvrant.
Et là, le drame. On sonne à la porte. Un bruit strident, désagréable, perçant. Me sortant de ma torpeur et de ma dépression. Presque. Je reste hébétée, quelques secondes. Qui ça peut bien être ? Y'a personne qui sonne chez moi d'habitude. Ça recommence, et je me dis que ça pourrait être ... bien ? Correct ? D'aller voir ce qu'il en est.
J'ouvre finalement la porte, c'est un mec avec un regard sévère qui me toise. Qui me juge. Je crois. Il me dit quelque chose. Une connaissance. Il me parle, je lui réponds. Une conversation de gens qui se retrouvent après un long moment. Les souvenirs me reviennent. J'arrive pas à faire preuve d'enthousiasme, cela dit. Je me sens gênée. Un peu sale. Sûrement parce que j'ai toujours pas pris de douche. Et que je suis dans le débardeur et le short que j'utilise comme pyjama. Il me parle de son fils. J'hausse un sourcil.
Et avant que je m'en rende compte, il est parti. Et je lui ai dit que j'passerai le voir, son fils. Histoire de, voilà, lui inculquer quelques trucs. Des valeurs. Du mordant. Ce qui a fait de moi une terreur, à mon époque.
Tout ce qui me fait défaut, là tout de suite. Ce tout de suite qui dure depuis un certain moment.
P't'être qu'il faudrait que je me rende ... plus présentable ? Y aller dans cette tenue, j'pense que c'est pas trop trop ça. Prendre cette douche, aussi. Me brosser les dents. Me coiffer. Peut-être me retailler les mèches de devant ? J'commence à en avoir marre quand elles se plaquent sur mon visage par temps de pluie ... Et encore pire, quand je me les retrouve dans la bouche quand le vent souffle.
Je suis un peu retard, je crois. Pas trop. Je suis quand même beaucoup plus correcte, là. Avec mon armure, mes bottes, et même mon sabre ! Je sais toujours pas l'utiliser, mais là n'est pas la question. Devant, ça fait un peu bizarre. Les mèches sont ratiboisées de façon pas trop trop claire. Une plus longue que l'autre. J'ai jamais été douée avec des ciseaux faut dire ... Je m'estime heureuse ! Chanceuse ! Ça aurait pu être pire.
J'aurai pu me couper un doigt. Et je déconne même pas.
Bref, j'avais une gueule à peu près correcte, mais l'envie n'y était pas. Je veux dire, j'avais tout un programme, moi ! Comme ... Comme ... Manger des cookies dans mon lit, quoi ! Bon okay, y'a plus glamour ! C'est déprimant ! Et alors ! Moi je vous fais pas chier ! Je vous laisse tranquille ! Alors pourquoi on fait pas pareil avec moi ! Et ce temps ! Ce temps ! Magnifique ! Qui me fait sentir coupable ! Coupable de vouloir rester à l'intérieur à rien faire ! Je te maudis, oui ! Merde quoi !
J'arrive, finalement. Il m'attend, dans un bois chelou. Pourquoi on s'est donnés rendez-vous ici ? Aucune idée. J'ai pas cherché à comprendre, à dire vrai, j'ai même l'impression qu'on m'a entubée. Je regarde avec un mélange de circonspection et de nervosité le gamin, alors qu'il se présente. J'ai jamais aimé les gosses. Je veux dire, quand j'en étais moi-même une, j'ai jamais su quoi en faire. Alors maintenant ? C'était pas mieux. Même pire. J'ai connu certaines filles qui ne juraient que par eux. Qui les trouvaient trop mignons. Qui en voulaient même un.
Ça me révulse, sérieux.
Alors, quand il me demande si ça m'ennuie pas d'être ici, j'ai envie de craquer. Oui, j'ai pas envie d'être là ! Toi non plus ! Mais tu sais quoi ? On doit faire avec ! Parce que la vie, c'est ça ! Ça va que dans une direction ! Et malheureusement, c'est jamais la notre. Je comprends pas comment j'ai réussi à parler avec une voix aussi mesurée, et calme.
- Je vais pas te mentir, c'est pas que j'ai plein de trucs à faire, mais m'occuper de toi n'était, genre, pas dans le top trois de mes priorités. Ni dans le top cinq. Ni même dans le top vingt, ou cinquante, même si maintenant que je le dis, je crois pas en avoir ni vingt ni cinquante des trucs qui me passent par la tête.
Je me gratte la joue, détourne le regard, un brin embarrassée.
- J'ai jamais eu à ma charge des gens, je ... sais pas y faire. Alors, j'te propose un truc, on laisse tomber cette histoire d'entraînement, et, genre, on va s'installer quelque part ? Une terrasse ? Moi j'ai envie d'une glace. Au chocolat. Intense, pas blanc, ce serait une hérésie. Ça te dit ? Ou tu préfères rester ici et me montrer à quel point t'es fort, doué et génial en allant courir dix kilomètres puis en faisant cinquante pompes ?
Je sais pas. J'ai l'impression d'avoir de très bons arguments, là. Non ?
- InvitéInvité
Ne pas s'entraîner ? Manger une glace ? C'est tentant mais j'ai du mal à y croire.
C'est un complot. Il y a une arnaque quelque part, j'en suis sûr. Quelque chose. Je ne sais pas quoi mais ce n'est pas normal ! Un truc ne tourne pas rond dans cette affaire ! À tous les coups c'est un test organisé par mon vieux. Il lui a dit quel genre de flemmard je suis et elle essaie de me donner une leçon. Si je réponds oui à sa proposition, elle va me fouetter, me dire que je suis un mauvais ninja, qu'il faut s'entraîner, se donner à fond et que je suis la risée du village. C'est sûr, c'est un piège ! … À moins qu'Aoi soit tout simplement une glandu elle aussi. Je fronce les sourcils et essaie analyse le faciès de la Kitagawa. Elle a l'air désabusée, agacée et – surtout – profondément ennuyée. J'ai ouïe dire qu'elle était une meurtrière d'exception et qu'elle maniait l'épée comme peu de gens ici. Il est aussi possible qu'elle soit très bonne actrice. Elle bluffe ou pas ? Mh. Je continue de méditer sur la question jusqu'à surchauffe de mon cerveau.
Oh et puis au pire on s'en fout !
▬ Courir ça m'ennuie et les pompes ça fait mal. Je préfère la glace ! Vous payez par contre, j'ai pas un rond.
Je ferme les yeux et m'attends à recevoir un coup sur la tête ainsi qu'une remontrance du style : « C'était un test pour vérifier ta motivation abruti, maintenant cours cinquante kilomètres la tête en bas » mais il n'en est rien. Impressionnant. Je la vois se diriger vers la ville. Elle était donc sérieuse avec sa proposition de glace. Ça, c'est un jonin d'exception, pour sûr. Pour le coup je vais demander aux autorités du village de me transférer. Je veux plus être dans l'équipe numéro huit, qu'on me refourgue un jonin paresseux comme Aoi ! C'est le bon plan.
▬ On est d'accord, si mon père demande, on dit qu'on s'est entraînés. Que j'ai appris plein de trucs, tout ça tout ça. Genre j'ai appris à manier l'épée, à faire des illusions, à utiliser le sharingan. Vous voyez le genre ?
Je sais même pas ce que c'est que le sharingan mais il paraît que c'est un truc cool et fort. En tout cas c'est ce que m'a fait comprendre mon père une fois.
Nous arrivons sur une des fameuses terrasses de Kiri et nous installons. Un homme d'une vingtaine d'année et convenablement habillé vient prendre nos commandes. Je prends mon air le plus péteux qui soit et dis :
▬ Pour ma part je prendrai une glace au chocolat noir à la sorbetière accompagnées de deux boules à la vanille et noix de pécan caramélisées sur son parterre de fleurs en sucre. Et vous très chère sensei ?
Je peux prendre n'importe quoi, je m'en fiche ; C'est pas moi qui paie. Et puis bon ! Elle est jonin et épéiste de surcroît ! Ceci étant, elle doit avoir un paquet de ryos dans son porte-monnaie. C'est en effet bien connu, les jonins sont payés une fortune à chaque mission qu'il réalise comparé à nous autres, pauvres petits bas gradés. Le serveur s'en va chercher les mets que nous avons commandés et nous patientons :
▬ Mon père vous a forcé la main pour que vous vous occupiez de moi ou bien c'est le village qui vous y a forcé ? Non parce qu'en soi, vous êtes jonin non ? Vous auriez pu refuser ? À moins que mon père soit si important que ça.
Mon vieux est jonin et j'ai cru comprendre qu'il occupait un poste – toute proportion gardée – important et à responsabilités dans l'administration mais bon. De là à forcer la main à une épéiste … Bof
▬ Misère ! Cachons-nous.
La vieille folle du village passe devant la terrasse. C'est une commère et accessoirement ma voisine. À tous les coups, elle va nous balancer à mon vieux si elle apprend que nous étions censés nous entraîner.
▬ Hey mais j'suis débile en fait. J'peux faire ça.
Pouf. J'utilise le henge et prends le faciès d'un vieil aristocrate de trente ans. La moustache me va bien.
C'est un complot. Il y a une arnaque quelque part, j'en suis sûr. Quelque chose. Je ne sais pas quoi mais ce n'est pas normal ! Un truc ne tourne pas rond dans cette affaire ! À tous les coups c'est un test organisé par mon vieux. Il lui a dit quel genre de flemmard je suis et elle essaie de me donner une leçon. Si je réponds oui à sa proposition, elle va me fouetter, me dire que je suis un mauvais ninja, qu'il faut s'entraîner, se donner à fond et que je suis la risée du village. C'est sûr, c'est un piège ! … À moins qu'Aoi soit tout simplement une glandu elle aussi. Je fronce les sourcils et essaie analyse le faciès de la Kitagawa. Elle a l'air désabusée, agacée et – surtout – profondément ennuyée. J'ai ouïe dire qu'elle était une meurtrière d'exception et qu'elle maniait l'épée comme peu de gens ici. Il est aussi possible qu'elle soit très bonne actrice. Elle bluffe ou pas ? Mh. Je continue de méditer sur la question jusqu'à surchauffe de mon cerveau.
Oh et puis au pire on s'en fout !
▬ Courir ça m'ennuie et les pompes ça fait mal. Je préfère la glace ! Vous payez par contre, j'ai pas un rond.
Je ferme les yeux et m'attends à recevoir un coup sur la tête ainsi qu'une remontrance du style : « C'était un test pour vérifier ta motivation abruti, maintenant cours cinquante kilomètres la tête en bas » mais il n'en est rien. Impressionnant. Je la vois se diriger vers la ville. Elle était donc sérieuse avec sa proposition de glace. Ça, c'est un jonin d'exception, pour sûr. Pour le coup je vais demander aux autorités du village de me transférer. Je veux plus être dans l'équipe numéro huit, qu'on me refourgue un jonin paresseux comme Aoi ! C'est le bon plan.
▬ On est d'accord, si mon père demande, on dit qu'on s'est entraînés. Que j'ai appris plein de trucs, tout ça tout ça. Genre j'ai appris à manier l'épée, à faire des illusions, à utiliser le sharingan. Vous voyez le genre ?
Je sais même pas ce que c'est que le sharingan mais il paraît que c'est un truc cool et fort. En tout cas c'est ce que m'a fait comprendre mon père une fois.
Nous arrivons sur une des fameuses terrasses de Kiri et nous installons. Un homme d'une vingtaine d'année et convenablement habillé vient prendre nos commandes. Je prends mon air le plus péteux qui soit et dis :
▬ Pour ma part je prendrai une glace au chocolat noir à la sorbetière accompagnées de deux boules à la vanille et noix de pécan caramélisées sur son parterre de fleurs en sucre. Et vous très chère sensei ?
Je peux prendre n'importe quoi, je m'en fiche ; C'est pas moi qui paie. Et puis bon ! Elle est jonin et épéiste de surcroît ! Ceci étant, elle doit avoir un paquet de ryos dans son porte-monnaie. C'est en effet bien connu, les jonins sont payés une fortune à chaque mission qu'il réalise comparé à nous autres, pauvres petits bas gradés. Le serveur s'en va chercher les mets que nous avons commandés et nous patientons :
▬ Mon père vous a forcé la main pour que vous vous occupiez de moi ou bien c'est le village qui vous y a forcé ? Non parce qu'en soi, vous êtes jonin non ? Vous auriez pu refuser ? À moins que mon père soit si important que ça.
Mon vieux est jonin et j'ai cru comprendre qu'il occupait un poste – toute proportion gardée – important et à responsabilités dans l'administration mais bon. De là à forcer la main à une épéiste … Bof
▬ Misère ! Cachons-nous.
La vieille folle du village passe devant la terrasse. C'est une commère et accessoirement ma voisine. À tous les coups, elle va nous balancer à mon vieux si elle apprend que nous étions censés nous entraîner.
▬ Hey mais j'suis débile en fait. J'peux faire ça.
Pouf. J'utilise le henge et prends le faciès d'un vieil aristocrate de trente ans. La moustache me va bien.
- InvitéInvité
Je sais pas pourquoi, le gamin il hésite. Il me dévisage, se creuse les méninges, tergiverse. Sérieux, y'a quoi de compliqué dans ce que j'ai dit ?! Je lui propose de glander ! Glander ! Moi à l'époque j'aurai accept- Minute ... Non en fait, j'étais trop excitée comme fille et en grandissant ça s'est pas arrangé ... Avant très récemment. Maintenant, je voulais être au calme. Plus avoir d'ennuis. Essayer de devenir ... Quelqu'un de bien. Dont on garde un bon souvenir.
Mais pour l'instant, j'avais envie d'une glace. Et le morveux avait intérêt à se décider vite !
- Alalala ... Est-ce que j'ai dit dix kilomètres de course ? Je pensais plutôt à cinquante ...
Et là, je sais pas. Est-ce que je l'ai convaincu ? Est-ce qu'il aurait répondu ça de toutes façons ? Il accepte. Après tout, il a pas tort : l'exercice physique ça crève, et rien n'a jamais prouvé que ça vous permettait d'être plus en forme. Mais il ferme les yeux, là. Comme si il s'attendait à un truc terrible. Je hausse un sourcil, dépité. Si il a envie de rester là, planté comme une laitue, c'est son choix ! Je pouvais lui mettre un peu de terre et l'arroser, mais en fait j'ai jamais aimé les potagers. Sans mot dire, du coup, je commence à me barrer. Parce que j'ai pas que ça à faire.
Il faut que quelques secondes au genin pour me rattraper, et montrer son enthousiasme. Voilà ! C'est ça que je veux ! Qui ne serait pas heureux à l'idée de manger une glace ?! Pas moi en tout cas ! Surtout quand on me la paie ! Parce que j'ai un peu l'impression que c'est ce que je vais devoir faire, mais bon ! Qu'importe ! Au moins je serai posée, je profiterai du soleil et des fragrances de chocolat ! Je me contente alors de lui répondre, avec un ton désabusé.
- Oui, oui, c'est ça. Le sharingan, tout ça.
C'est quoi le sharingan d'abord ?__________________________________________________
Nous sommes posés sur une terrasse, et c'est la joie. On est servis par un mec qui doit avoir un âge, sur lequel j'attarde longuement mon regard. Shinichi (c'est son nom, il paraît) fait sa commande avec un ton assez stupide, mais je lui en veux pas, les gamins sont stupides (sauf moi à son époque, parce que ... Parce que !), du coup je me contente de répondre sur un ton ennuyé, ce genre de ton qui veut dire "si j'avais autre chose à faire je le ferai mais la vie est pas cool du coup j'suis là".
- J'prendrai une glace au chocolat. Avec du chocolat. Beaucoup de chocolat.
Pourquoi tant d'insistance ? Pourquoi pas ! J'avais envie de chocolat, et pas n'importe lequel. Le bon, l'intense, celui qui fond en bouche ! Arg ! Ressaisis-toi ! La bave commence à couler de tes lèvres ! De façon métaphorique ! Quoi que ..? Non ! Je secoue la tête, un peu hébétée. On me demande si on m'a forcé la main pour être ici. Je regarde l'enfant un long moment, avant de répondre, de façon un peu hésitante.
- Un peu.
Un peu ? Un peu ?! Mais ça répond à rien, ça ! J'suis sûre qu'il va me faire chier à me demander plein de conneries parce que je suis ultra vague ! Et j'veux être le plus tranquille possible, merde !
- J'ai été embusquée en sortant du lit par ton père, et avant que je comprenne ce qu'il s'passe j'ai accepté de t'entraîner ...
C'était pas totalement la vérité, mais il avait pas besoin de le savoir. Puis, une chose en entraînant une autre, j'ai poursuivi.
- Puis, c'était cool de revoir une tête connue. Pas hostile. Tu vois ce que je veux dire ? Y'a pas beaucoup de mes amis qui sont encore envie, donc ... V'là.
Je me grattais la joue, me sentant plus trop trop bien. Nausée qui me prend. Mauvais souvenirs qui resurgissent. Je plonge un regard un peu sombre sur la glace. Avant d'y plonger ma cuillère, et d'en prendre un bout. Le taciturne est bientôt remplacé par le boudeur : le chocolat est pas de bonne qualité, et ça se ressent dans le rendu.
- 'tain vraiment une bande d'incapables, comment on peut rendre médiocre une glace au chocolat ?!
J'avais une idée sur la question, et ça me concernait un peu moi. Du coup, j'ai préféré l'écarter le plus rapidement de mon esprit. C'est, d'ailleurs, à ce moment là que j'ai remarqué que le gamin était devenu un moustachu. Et la moustache était assez naze. J'ai jamais aimé les moustaches, il faut dire. Quel attrait ça peut bien avoir ? Ne me le demandez pas, je ne saurai vous le dire ! Je me contente de soupirer, n'ayant même pas l'envie de faire une remarque désobligeante.
Quoi que.
- T'es vraiment moche comme ça.
Gratuit, mesquin. Une véritable gamine, boudeuse de surcroit. Et c'est là que je me suis figée. Tétanisée. En passant ma main sur la ceinture, une révélation terrible s'est imposée : J'avais aucune tune. Rien. Quedalle. Ma bourse n'était pas là, et pour une raison simple : j'avais pas prévu de glander sur une terrasse avec une glace mauvaise.
Que faire ?! Je pouvais pas me barrer comme une voleuse ! Surtout avec le gamin ! Même si je lui faisais porter le chapeau, et après ?! Il raconterait à son père qu'on s'est pas entraînés et que je l'ai amené ici ! Et j'vais briser les liens avec une des seules personnes que je connais et qui est pas encore morte ! Merde ! J'fais quoi ?! Être moins une incapable ?! C'est trop tard, et j'me dis qu'il y a limite aucun remède.
Il va falloir que j'improvise. Et je crois avoir une idée de génie ...
- Hey, dis-moi ... T'as envie d'apprendre à utiliser le Sharingan ..?
Et avant qu'il réponde, je me levais, promptement, et me dirigeais à une rare vitesse vers le comptoir. Le serveur qui a pris notre commande est là, il me sourit. Je lui rends pas la pareille, après tout, j'estime qu'il est en partie responsable pour l'échec qu'est mon dessert. Du coup, je m'adresse à celui qui tient la caisse, et montre du doigt ma table.
- Mon nom est Kitagawa Aoi, épéiste.
Je vois les yeux s'ouvrir rond. Comme quoi, cette épée est parfois utile ! Ne serait-ce que pour se la péter. Je continue, avec un petit sourire en coin.
- J'ai à ma charge le genin Kirisaki Shinichi, auriez-vous une tâche à lui confier ?
Certes, j'ai un peu menti pour le sharingan, mais ... De toutes façons, pour moi, le sharingan ça pouvait très bien être une tourte ou un balais. Autant dire que je m'en foutais pas mal.
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